Bryologie, sortez la loupe!

Le Spohrbach est un ruisseau qui prend sa source à 620m d'altitude dans le Brackvenn (fagne entre Eupen et Monschau) et traverse fagnes, landes, boulaies et pessières sur un peu plus de 2 kilomètres avant de se jeter dans la Helle à 520 m d'altitude. La zone prospectée est située dans la moitié aval du Spohrbach et comprise dans les carrés IFBL F8.55.34-F8.55.41 et F8.55.43. La prospection du site est limitée au lit et aux berges du ruisseau. Le lit du Spohrbah est une alternance de schistes et de quartzites. Les berges sont soit rocheuses, soit sablo-tourbeuses. Le vallon a conservé un caractère assez "sauvage". Le Spohrbach, ruisseau typique du haut-plateau ardennais Les rives tourbeuses sont ourlées de grosses touffes de Polytrics et de Sphaignes : Polytrichum formosum, Polytrichum uliginosum, Sphagnum palustre, Sphagnum girgensohnii, Sphagnum fallax, Sphagnum rubellum.  Les berges plus sableuses hébergent une bryoflore plus pionnière : Atrichum undulatum, Calypoge

Nardia insecta Lindb. est une hépatique à feuilles qui pousse typiquement sur les berges verticales sablo-tourbeuses des ruisseaux quittant les tourbières. Sur le terrain, cette petite hépatique (0.7 à 1.5 mm de large pour 10 mm de long) ressemble à un Lophozia sans propagules et se présente en tapis ou en coussinets vert clair à gris-vert. Nardia insecta Lindb. sur une berge de la Hoëgne avec Diplophyllum albicans (L.) Dumort. et   Pellia epiphylla (L.) Corda Berge subverticale de la Hoëgne, habitat typique de Nardia insecta Lindb. Les feuilles montrent un sinus gibbeux atteignant le tiers de leurs longueurs et des lobes subaigus à arrondis à l'apex. Les amphigastres ont une forme lancéolée et sont fréquemment adnés à la feuille par leurs bases. Nardia insecta Lindb., feuille montrant un sinus gibbeux et des lobes à apex subaigus Nardia insecta Lindb., coupe dans une tige montrant une feuille et un amphigastre. Nardia insecta  Lindb., détail  d'un amphigastre L'exame

Polytrichastrum alpinum est une espèce rarissime en Belgique puisqu'elle n'a été signalée qu'une seule fois en 2002 dans la vallée de la Hoëgne (Reineke et al., 2002,  Dumortiera  79: 8-9). Dans cette station, le polytric croît sur des rochers humifères dans la partie supérieure du cours de la Hoëgne (G8.22.42).  Les capsules de P. alpinum sont cylindriques et non comprimées latéralement à la différence des Polytrichum. Sur le terrain et en présence de sporophytes, il est aisé de différencier le rare Polytrichastrum alpinum , du commun Polytrichum formosum . Par contre en l'absence de sporophytes, il faut s'en remettre à des différences peu marquées concernant les gamétophytes des deux espèces. P. alpinum présente des feuilles plus étroites, plus effilées et d'un vert plus glauque. Ses caractères ne pouvant être appréciés qu'à l'état hydraté, la détermination sur le terrain à l'état sec devient très hasardeuse. Polytrichastrum alpinum (à gauche)